Mercredi 23 août 2006, 23h50… Les roues de l’avion touchent le tarmac de l’aéroport international de Bombay, secouant les dernières poussières de France qui trottaient dans la tête. L’aventure a commencé.

Nous sommes maintenant six mois plus tard, presque minute pour minute. Que de rencontres, de joies, d’émotions, de galères, de couleurs, de senteurs, d’étonnement, de crises d’impatience, de crises de rire, de boulot, de stress, de satisfaction, bref que de bonheur dans ces six mois passés comme dans un songe…

Ce pays n’est pas si facile qu’on pourrait le croire au premier abord. Bien sûr, on peut se contenter de le survoler, de rester dans le cocon protecteur de la communauté française, des restos, des boîtes et des quartiers occidentaux, se gardant bien d’aller à la rencontre des Indiens, surtout quand ils “ne sont pas de notre milieu”. Après tout, les watchmen à pétoire sont là pour ça…
Mais c’est un tel bonheur de prendre cinq petites minutes pour baragouiner ses deux mots de marathi au taxiwallah qui visiblement file plein nord alors qu’on veut aller au sud, de prendre le temps de se ballader aux abords des slums pour regarder les gamins jouer avec trois bouts de ficelle, et se jeter vers l’étranger avec un sourire jusqu’aux oreilles dès qu’ils l’aperçoivent, sans la moindre agressivité, même s’ils essaieront bien de lui soutirer quelques piécettes en faisant des cabrioles, de rentrer dans le quotidien du prof de gym qui nous fait vivre ses vacances à Goa et, tout timide du haut de ses 34 ans et de son quintal de muscle, nous raconte ses déboires amoureux, de rester après le cocktail pour écouter pendant deux heures un sikh, les yeux brillants, parler de son père qui a fait ses études en France, de raconter sa vie à la maid qui passe son temps à nous taquiner sur le célibat, d’aller se perdre dans les rues des marchés aux fruits, où, physique aidant, les marchands finissent pas nous reconnaître comme habitué et remplacent les produits et les prix pour touristes par ceux destinés aux Indiens, d’aller humer l’air de la mer sur Marine Drive, parmi ses milliers de couples et de joggeurs profitant de la brise du soir, de retrouver les mêmes dalits sur les mêmes bancs de la cathédrale le dimanche soir, de sentir l’esprit moustachu nous envahir un peu plus chaque jour…

Six mois déjà, six mois seulement, et on se sent véritablement adopté. Pour cela, merci à toute l’équipe au boulot, aux copains de Bombay et de Delhi (FLO bien sûr…), aux p’tits gars des slums de Malabar Hill, aux milliers de wallah qui nous simplifient bien la vie et aux dix-huit millions de Mumbaikers qui font de cette ville une source d’énergie inépuisable.

Now playing : Carmenz – Tous ensemble

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