Hindigo

Non, on ne parle pas de politique française… Votre serviteur s’est juste vu prolonger son contrat pour trois ans de plus ((mais pas sûr qu’on aille jusqu’au bout)) à Bombay, avec au passage un changement de titre particulièrement déroutant…

C’est donc parti pour encore quelques (dizaines de) mois d’aventures moustachiennes ((d’ailleurs, on vient tout juste de repayer un an d’hébergement, chez les Suisses d’Infomaniak, donc, désormais)) !

BOMBAY – Alors qu’Ajmal Amir Kasab, seul survivant parmi les attaquants impliqués dans les attentats ayant frappé la ville en novembre dernier, est jugé depuis deux mois, les membres de la cour ont parfois du mal à l’empêcher de rire et de fanfaronner. Le procureur a ainsi dû hier recourir à un argument massue : “Arrête de rire ou j’appelle Dara Singh“, version locale (et historique) du croquemitaine indien.

Nul doute qu’avec une telle menace, un terroriste bardé d’armes et d’amphétamines ayant abattu de sang froid plusieurs douzaines d’otages ne pourra qu’obtempérer…

BOMBAY – Nitin vient d’amener sa maman, Laxmi, à l’hôpital. Celle-ci s’était enfuie du domicile familial il y a 20 ans pour aller vivre dans la jungle en bordure est de la ville.

Laxmi a apparemment des difficultés à s’adapter à la vie sociale de la ville et à son brouhaha, déclarant sans cesse : “Kitni awaaz, kitni awaaz” ((Trop de bruit, trop de bruit)). On en vient à se demander qui est vraiment le sauvage.

BOMBAY – Le cricket est finalement un sport bien violent. Meghnath Kamble a ainsi tué son fils d’un coup de couteau en pleine poitrine, après que celui-ci eut refusé de baisser le son de la télévision diffusant un match de l’IPL alors que Meghnath souhaitait dormir. Il est vrai que ce dernier était quelque peu imbibé.

Oui mais imbibé au Royal Challenger, sponsor officiel de l’équipe IPL de Bangalore !

La municipalité de Bombay vient de nous faire part du tableau suivant :

En clair, ça veut dire que le 24 juillet vers 14h, vaudra mieux pas traîner dans les rues de Bombay, car conjonction des marées hautes et de l’éclipse de soleil aidant, la marée va être au plus haut depuis une bonne centaine d’années.

Qui veut jouer à “Rickshaw… flotte !!” ?

BOMBAY – Hemratna Suri Maharajsaheb, éminent prêtre jain de son état, est décédé ce matin. Ce sont aussitôt des dizaines de milliers de fidèles qui se sont assemblés devant le temple de Shahapur afin d’enchérir pour le droit d’allumer son bûcher.

Kalpesh Shah, un promoteur immobilier d’Ahmedabad, a finalement remporté la mise pour la somme de 11 111 111 roupies. Symbolique certes, mais dans un sens seulement.

BOMBAY – Abdullah Siddiqui avait tout prévu : les examens pour son Master d’anglais avaient lieu du 18 au 28 avril, et il devait se marier le 5 mai. C’était sans compter les élections générales, qui ont poussé l’administration de l’Université de Bombay à décaler une partie des examens, le dernier finissant deux heures avant son mariage.

Malgré ce stress de dernière minute, Abdullah est confiant d’obtenir son Master. En revanche, il a été recalé à son mariage.

• Le proprio m’annonce que les “ouvriers” ((si on peut appeler ainsi les 2 paysans illettrés et avec deux mains gauches qui tapent 7j/7 sur les murs de l’immeuble à grands coups de masses)) en train de ravaler la façade vont en profiter pour faire tomber les murs et les fenêtres extérieurs de l’appartement, complètement poreux, et les reconstruire. Ben voyons, et c’est normal de s’y prendre 3 semaines avant la mousson ?!? Vue la durée du ravalement, ils auraient dû commencer il y a 3 mois au moins. Ca promet un beau marécage avec algues partout dans l’appartement !
• Retour dans l’humidité de Bombay, 10h de mal au dos au bureau
• Même pas le courage de nager, eau de la piscine trop chaude
• La maid veut que je vire le chauffeur qui veut que je vire la maid
• Pas de nouvelles depuis Xi’an… Mauvaises nouvelles ?
• Envoi de carte bancaire en échec depuis maintenant deux mois ; la Poste française ou indienne, on veut bien, mais DHL…
• Et le pire, toujours pas de chat à la maison

Allez, pensée pour Rajeev, plutôt… Faut relativiser, mais après 995 jours d’Inde, on fatigue parfois !

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Et dire qu’on pensait échapper à la chaleur bombayite en allant à l’intérieur des terres pour ce week-end prolongé… C’était oublier que Nagpur, en plein coeur du Maharashtra, détient quasiment chaque année le record de température nationale (en l’occurrence, 47.1 °… oui, oui, Celsius… ce week-end).

Fort heureusement, le package “tout compris” du Taj d’Aurangabad permettait de rejoindre en berline climatisée les deux sites incontournables :

• Ellora (vendredi) : à 30 km (donc 45 minutes de route) d’Aurangabad, un site tout en longueur abritant trois groupes de temples (bouddhistes, hindouistes et jain). On en retient en particulier l’assez incroyable Kailash Temple, un “Parthénon et demi” en taille, complètement taillé de l’extérieur vers l’intérieur en extrayant tout de même 200 000 tonnes de roche.
• Ajanta (samedi) : à 100 km (donc deux bonnes heures) d’Aurangabad, un site en fer à cheval, assez différent d’Ellora puisque le principal intérêt réside dans les fresques ((curieusement, pour la première fois en Inde, j’ai l’impression que les instructions du type “pas de photos au flash” sont respectées…)). Il n’en reste plus grand chose hormis les motifs au plafond, mais cela demeure assez impressionnant

Et dimanche, journée tranquille partagée entre le fort Daulatabad, résidence d’été d’Aurangzeb (dont la vue de la très modeste tombe dans une petite mosquée est assez émouvante), et la piscine du Taj. Et voilà un week-end chaud ((jamais eu aussi soif qu’à Ellora…)) mais sympathique à un mois de la mousson ! Photos en ligne demain normalement.

PS : assez fier de moi sur la capacité à se faire passer pour un moustachu-paan-marcel : tarif indien (10 roupies au lieu de 250) obtenu à Ajanta et à Daulatabad.

Bizarre… Pour la première fois en 981jours ((wow, bientôt les 1000 jours !!)) à Bombay, l’ambiance de la ville change radicalement aujourd’hui, jour de vote pour les législatives nationales. Personne dans les rues, presque tous les magasins et restaurants fermés, même les taxis ne errent pas à la recherche du client. Et au bureau, seuls les Français sont encore présents au retour du déjeuner. On se croirait revenu quelques décennies en arrière, quand Bombay ne comptait que 2 ou 3 millions d’habitants, presque majoritairement européens.

Pour parfaire cette impression surannée, déjeuner pour la première fois chez Britannia, l’un des trois restaurants parsi les plus connus de Bombay. Le délicieux propriétaire fait office de maitre d’hôtel, et nous baragouine quelques mots de français en nous narrant son voyage à Paris. Il est apparemment un fan de Napoléon, qu’il a dû quasiment connaître puisque ce respectable petit papy a tout de même 86 ans (et un peu moins de dents).

On ne vient chez Britannia que pour deux plats :

• en entrée, les “côtelettes” de poulet, un assemblage de chair de poulet aux épices discrètes et très parfumées, et légèrement pannées ;
• en plat principal, le fabuleux mutton pulao, riz tendre au safran avec un coulis d’oignon, de généreux morceaux de mouton fondant dans la bouche et, surtout, d’incroyables petites cerises séchées dont le goût explose en bouche ((la légende veut qu’elles soient importées directement d’Iran))

Une journée délicieusement bombayite… Demain à l’aube, départ pour Ellora & Ajanta, donc pas de billets avant lundi, mais des photos au retour. Bon week-end !