Je savais qu’il fallait baisser la tête quand ils ont demandé un volontaire pour aller faire un reportage à Paris. Manque de chance, je n’ai pas été assez rapide… Me voilà donc embarqué dans une expédition de trois semaines au pays des nourritures bizarres. Visa et billet en poche, je débarque donc à l’aéroport de Bombay vendredi dernier. Le comptoir Air France donne un avant-goût du sens très particulier de l’organisation qu’ont les Français : plutôt que de mettre trois opératrices, trois contremaîtres pour les surveiller et trois superviseurs de contremaîtres, ils ont ouvert les neuf comptoirs. Décidemment, avec un sens pratique aussi peu développé, pas étonnant qu’on les rattrape aussi vite !

Après un passage à la douane sans problème, j’arrive dans la salle d’attente, porte 15. Installé juste sous les hauts-parleurs, on profite mieux des annonces hurlées volume à fond dans les micro de 4 watts : impossible de manquer une annonce ou de s’endormir, on sent même l’ail dans le dal : vive la réalité virtuelle indienne ! Pour plus de sécurité toutefois, je prends un chai au duty free. En même temps, pas vraiment le choix, le bar à chai est la seul boutique de la zone duty free. De toute façon, ma valise était déjà pleine entre la poële à chapati et la plaque à dosa, il n’y a plus vraiment de place.

Curieusement, pour un européen, le pilote s’en est plutôt bien sorti, même s’il n’a pas su restituer les doux soubresauts chers à nos avions et pilotes moustachus qui permettent de si facilement s’endormir, voire se débarasser rapidement d’un éventuel dernier repas un peu lourd. Après quelques ronds dans la barbe de mon voisin, qui me gratouille le ventre en retour, je m’endors paisiblement, non sans avoir bruyamment manifesté ma satiété…

A l’aterrissage, notre pilote nous annonce une température de 18°C !! Fort heureusement, j’avais prévu le cas, et suis donc très satisfait de mes deux tricots de corps superposés sous la chemise. Après avoir poussé quelques européennes pour sortir de l’avion, me voilà enfin confronté à cette espèce si redoutée : le douanier français !

 Douanier

Fort heureusement, entre moustachus, on se comprend, et je finis pas passer. A la sortie, je constate une fois encore la différence culturelles entre nos deux pays puisque je dois expliquer aux préposés la présence des nombreux objets en fonte dans ma valise. Ils prennent bien leur fournil quand ils vont à l’étranger, eux, non ?

A la sortie du terminal, le choix est difficile : train ou taxi ? Un coup d’oeil au train, et la chaleureuse atmosphère de saine proximité à laquelle nous sommes habitués dans les trains de Bombay me semble bien difficile à retrouver, et l’on opte donc pour le taxi. Après de nombreux aller-retours, et ne parvenant pas à identifier le code couleur équivalent à nos portes noires et jaunes à Bombay, j’opte pour un signe de reconnaissance plus subtil : le pannonceau lumineux “TAXI” sur le toit de ces véhicules. Apparemment, cette profession du moins a réussi à copier l’exemple indien, puisque ces taxis sont eux aussi équipés de compteur. Pour une raison que je ne parviens pas à m’expliquer cependant, le montant à payer est celui affiché à l’écran, et non son multiple par treize. Très déroutant, comme méthode… Heureusement cependant, car cette première confrontation au coût de la vie parisienne me fait tituber : 28 euro (soit environ 1500 roupies) pour rallier le centre-ville, voilà qui est proprement scandaleux ! Un aller-retour, et c’est le salaire mensuel de mon chauffeur qui part en fumée !

Les surprises de la circulation parisienne ne sont toutefois pas terminées… Entre l’utilisation des petites lumières à l’arrière de la voiture (le chauffeur appelle cela des “clignotants”), qui marchent, qui marchent pas, qui marchent, qui marchent pas… et l’absence de klaxon sur ces véhicules pour annoncer son arrivée au véhicule de devant, on est un peu perdu ! Certes, je savais que les Français roulaient du mauvais côté de la route (comme moi quand je sors du compound, c’est plus pratique pour écraser les chiens qui passent la nuit à aboyer), mais ils adoptent aussi bien d’autres règles très contraignantes ou curieuses. Par exemple, ils doublent toujours du même côté. Et ils ne semblent pas avoir compris que les rayures sur la route aux carrefours signalent l’emplacement de la première voiture de la file : ils s’arrêtent avant, quelle inefficacité ! Inefficacité encore pour les quelques (rares) deux-roues que je vois : seul le conducteur y prend place, avec à la rigueur un unique passager. Nous au moins, nous somme soucieux de faire vite et bien, avec nos cinq passagers par Activa !

Avec toutes ces surprises, le trajet passe rapidement. Après avoir donc déboursé une petite fortune pour payer le taxi, je m’enregistre à l’hôtel que m’a réservé la rédaction du Petit Moustachu dans ce qui s’appelle le 18e arrondissement de Paris (ils pourraient tout de même donner des noms plus parlants, comme Mahim, Nariman Point ou Andheri : on s’y retrouverait plus facilement !). La suite de mes aventures parisiennes dans une petite semaine…

Une réponse à “Patil à Paris – L’arrivée”
  1. vivien dit :

    Patil a-t-il aimé les croissants et pains au chocolat du petit déjeuner à l’hôtel ? Surtout, est-ce que l’hôtel lui a servi des butter croissants ?…

  2.  
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