Réveil assez tôt pour aller prendre le bateau sur l’Irrawady à l’autre bout de la ville. Comme la veille, des dizaines de vélo rickshaw attendent devant l’hôtel. L’un d’eux, un adorable petit papy tout hirsute à qui il manque environ 29 dents (et autant de cases), finit par avoir raison de mon envie de marcher, profitant de la chaleur moins accablante à cette heure matinale.

Arrivé à la jetée, on constate que le bateau pour Mingun, à une heure de l’autre coté du fleuve, a encore vu ses tarifs touristes révisés, augmentés de 50% par rapport au Lonely, pourtant vieux de 8 mois seulement. Et bien sûr, il faut aussi s’acquitter du ticket d’entrée en ville. Tout cela ne nous gênerait pas trop si ces revenus étaient dispersés dans la population, mais tout va de facto dans les poches de la junte, de ses monopoles et de ses proches.

De l’autre côté du fleuve (relativement étroit par rapport à l’image que l’on s’en faisait, mais c’est la période sèche après une mauvaise mousson), on part vite vers le nord du village de facon à effectuer le trajet en sens inverse dela quinzaine d’autres touristes du bateau. On arrive ainsi rapidement dans le village proprement dit de Mingun, où les étrangers ne s’aventurent pas, et où l’étonnement de voir un blanc est donc toujours à peu près intact, à l’image de l’architecture des maisons, sur pilotis et en feuilles de palmiers.

En redescendant vers la jetée, on passe par la Mingun Bell, une impressionnante cloche de bronze, apparemment la 2e du monde par la taille. On arrive ensuite devant ce qui devait être la plus grande pagode du monde, mais dont seule la base de briques était réalisée à la mort de son promoteur, le roi Mingon. L’édifice est pourtant déjà imposant : réflexe de statisticien oblige, on évalue le nombre de briques du socle à 22,3 millions… Impact du tourisme de blancs, les gamins qui nous accueillent en haut en baragouinant deux mots d’anglais et en nous tendant vaguement la main pour passer certains obstacles (même non terminée, s’agissant d’une pagode, on a dû monter pieds nus sur les briques bruts cuisant au soleil) insistent pour qu’on leur donne 3000 kyats en descendant, soit le prix du billet multi-villes du Gouvernement. Soit disant pour financer leurs études, mais au fait, pourquoi ne sont-ils pas à l’école un jeudi en milieu de matinée ? Ce genre de rencontres, parmi d’autres, laisse craindre une évolution à la thaïlandaise de ce pays…

Le retour du bateau étant programmé tôt, on a encore le temps au retour à Mandalay d’aller visiter l’incroyable Mahamuni Paya. Très excentrée, elle attire les visiteurs de tout le pays surtout pour son Bouddha assis, l’un des plus anciens (apparemment près de 2000 ans) et des plus vénérés du pays. Il était historiquement aussi l’un des plus finement ciselés mais la pratique des fidèles consistant à apposer à sa surface de fines feuilles d’or lui a donné quelque embonpoint (une quinzaine de centimètres d’épaisseur) et de difformité au cours des siècles…

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