On parle du Mali pour un tas de mauvais raisons depuis maintenant 10 mois, et encore plus depuis 10 jours.

C’est oublier un peu vite que le pays était, jusqu’au coup d’état de mars dernier, plutôt une vitrine de transformation démocratique (ça n’avait pas été le cas dans le passé, au moins jusqu’au début des années 90).

C’est oublier aussi que le Mali est un des joyaux culturels de l’Afrique : pour ses sites Unesco de Djenné et Tombouctou bien sûr, aujourd’hui au moins en partie rasés par la folie extrêmiste, mais aussi pour sa musique. Les musiciens maliens sont parmi les plus respectés de la région, mêlant avec brio sonorités traditionnelles et rythmes plus modernes (blues notamment).

Petit tour en musique de quelques-uns des plus grands artistes du pays :

1. Salif Keïta : albinos (une particularité difficile à porter dans cette partie du monde), c’est l’un des artistes maliens les plus connus à l’étranger (où plusieurs de ces disques ont été enregistrés).

[youtube]3vGCw6T4lM8[/youtube]

2. Tinariwen : un groupe Touareg porté sur le blues, qui a inspiré tout un courant du même nom avec le temps, et aujourd’hui un mouvement aux contours assez dynamiques. Ils ont remporté le Grammy Awards du meilleur album “Musiques du monde” en 2012.

[youtube]6XgKDpmbGeo[/youtube]

3. Cheick Tidiane Seck : autre artiste passé par le Super Rail Band de la Gare de Bamalo, comme Salif Keita, il est surtout connu pour sa formidable carrière d’accompagnateur, bien qu’il sorte un premier album solo en 2003, à 50 ans, dont est issu le titre ci-dessous

[youtube]O2mEQ2a_DiE[/youtube]

 4. Amadou et Mariam : on ne présente plus le couple de chanteurs, proches de Manu Chao. Ils remportent une Victoire de la Musique en 2005 pour le titre ci-dessous.

[youtube]GpuFMa7KhMU[/youtube]

5. Ali Farka Touré : l’un des plus grands guitaristes africains, couronné de deux Grammy Awards, en 1993 et 2006 ; il décède cette même année.

[youtube]LSWuzp_0hn4[/youtube]

 6. National Badema du Mali : groupe officiel de la république malienne, cet orchestre a un esprit griot assez étonnant pour ce genre de structure, comme en atteste le titre suivant.

[youtube]hQrxm6ihzgs[/youtube]

7. Seydou Balani : connu également sous le nom de Seydou Koita, c’est un percutionniste reconnu.

[youtube]UAb-wqxrqYc[/youtube]

8. Amadou Sangare : un spécialiste du ngoni, et griot de tradition.

[youtube]lW1-93fHFeA[/youtube]

9. Amy Koita : peut-être la plus grande voix féminine du Mali.

[youtube]TiZ0WvIc1QY[/youtube]

 10. Khaira Arby : pour finir cette (toute) petite sélection tout en recollant à l’actualité, une autre grande dame du chant traditionnel malien, surnommée “la Voix du Nord” (si, si…) car résidant à Tombouctou

[youtube]1UDecjaj4ek[/youtube]

On assistait cet après-midi à une table ronde avec le Directeur général adjoint du FMI et quelques économistes. Les propos étaient généralement convenus, mais l’assistance s’est tout de même éveillée lorsque l’une des intervenantes a regretté que “l’accès à la santé en milieu rural coute souvent la peau des… des yeux de la tête !!”.

Le moment le plus amusant de cette séquence a tout de même été le trajet en taxi pour se rendre au grand hôtel où se tenait cette conférence : 30 minutes à comparer les mérites respectifs des magies noires sénégélaise et indienne, ça n’arrive pas tous les jours ! (Note pour les visiteurs au Sénégal : dans les taxis de Dakar, montez toujours à l’avant, à côté du conducteur ; les échanges seront bien plus riches que pour le simple client à l’arrière !)

Le fait de ne pas disposer d’un téléviseur à Dakar épargne certes bien des émissions lamentables et accroît considérablement le champ des lectures. Il fait cependant rater quelques émissions cultes.

Parmi celles-ci, “Khaar Bii”, qui signifie “Le mouton” en wolof. Cette émission, la plus suivie du paysage audiovisuel, s’est tenue en public jeudi dernier à Dakar et visait, à l’occasion de la fête de l’Aïd, appelée ici Tabaski, à élire le plus beau mouton (mâle) du Sénégal. Il faut dire que ces animaux sont en général achetés dès décembre puis amoureusement élevés par chaque foyer pendant 10 mois, avant de passer sous le fil du boucher à l’occasion de cette fête l’année suivante. Ces moutons domestiques sont généralement affublés d’un prénom, et vivent quasiment comme des animaux de compagnie.

Au terme de deux mois de pré-sélections et d’une finale réunissant 15 concurrents devant un jury d’éleveurs et de vétérinaires, c’est finalement “Boy Sérère”, 3 ans et 140 kg, qui a été élu plus beau mouton de l’année 2012. Son propriétaire a remporté la coquette somme de 2 millions de CFA (3000 euros) et une tonne d’aliments pour bétail. “Boy Sérère” remporte pour sa part la vie sauve, un tel géniteur pouvant se négocier 1 million de CFA (1500 euros).

Le vainqueur en images:

[youtube]JM-7s5XXs0s[/youtube]

Ce week-end avait lieu le premier concours de beauté “Miss Black France”, qui a naturellement déclenché toutes sortes de polémiques, y compris au sein d’une même instution (le concours disposait ainsi du soutien du Conseil Représentatif des Associations Noires, alors même que son ancien président s’opposait farouchement au principe d’un concours “communautaire”).

Foin de politique, on notera plutôt que le podium est intégralement composé de jeunes femmes originaires d’Afrique de l’Ouest :

1. Mbathio Beye, lauréate, est une étudiante sénégalaise de 21 ans ;
2. Romy Niaba, 1e dauphine, est une étudiante ivoirienne de 22 ans ;
3. Aïssatou Soumah, 2e dauphine, est une étudiante guinéenne de 23 ans.

On vous laisse juge !

On nous signale une expo prometteuse à la Manufacture des Flandres, à Roubaix, du 11 mai au 11 juin. Baptisée “Les Sapeurs de Bacongo”, elle regroupe des clichés du photographe congolais Baudouin Mouanda sur le thème de la SAPE (Société des Ambianceurs et des Personnes Elégantes). Plus d’infos sur http://www.musee-textile.fr/musee-textile-fr-70-797_post-it.htm

Si la SAPE est un phénomène surtout centrafricain, on en trouve des représentants également à Abidjan et, dans une moindre mesure, à Dakar. Ces concours d’élégance masculine, avec des tenues aux couleurs chatoyantes et motifs audacieux, sont un régal pour les yeux.

PS : en passant par Roubaix, n’oubliez pas de visiter la fabuleuse Piscine, d’autant plus qu’il s’y tient jusqu’au 20 mai une également prometteuse exposition de photo de Picasso par David Douglas Duncan