Le premier gouvernement de Macky Sall a été annoncé hier soir. Il fait logiquement la part belle aux membres de la coalition qui lui avaient permis de l’emporter, ainsi qu’à la société civile, malgré un nombre de ministères largement réduit, à vingt cinq.

Quelques anecdotes de CV repérées au passage :

• On compte deux catholiques dans le gouvernement, dont le nouveau ministre des forces armées, troisième dans l’ordre protocolaire, Augustin Tine, chirurgien dentiste de formation après avoir failli être abbé ;
• L’autre catholique, Benoît Sambou, n’arrive que 9e dans l’ordre protocolaire, mais hérite du dossier très lourd de l’agriculture et de l’équipement rural, alors que les récoltes s’annoncent particulièrement mauvaises cette année ;
• Aminata Touré, la nouvelle ministre de la justice, est une ancienne haut-fonctionnaire des Nations Unies spécialisée dans les questions de Droits de l’homme, et ancienne militante du parti communiste local ;
• Amadou Kane, le nouveau ministre de l’Economie et des Finances, est un banquier, à l’image du premier ministre, Abdoul Mbaye. Il était jusqu’à présent patron de la BICIS, filiale locale de BNP Paribas, et on l’avait rencontré il y a quelques semaines ;
• Principale annonce relayée dans les media occidentaux, la nomination de Youssou Ndour comme ministre de la culture et du tourisme ;
• Un seul des candidats malheureux à la présidentielle intègre l’équipe, Cheikh Bamba Dièye, au poste de ministre de l’aménagement du territoire et des collectivités locales ;
• Le nouveau ministre de l’écologie et de la protection de la nature, Ali Haidar, est très respecté dans le domaine. Il était jusqu’alors patron de l’Océanium, entreprise de sensibilisation à l’environnement phare au Sénégal (organisant notamment des cours de plongée et de dé-pollution) ;
• last but not least, le nouveau ministre délégué au budget, Abdoulaye Daouda Diallo, n’est rien moins que l’ancien patron de la… Loterie Nationale !

Depuis quelques semaines, le froid s’est emparé de Dakar : plus de clim ni de ventilo la nuit ou au bureau, plus de sorties short-plage le week-end (le Lac Rose était frisquet le week-end dernier) et le plafond nuageux est bas.

Néanmoins, dans les rues de la ville, l’échauffement gagne les esprits : après la validation de la candidature du Président Wade par le Conseil Constitutionnel (qu’il a intégralement nommé, et dont il a augmenté les émoluments il y a quelques semaines) et le rejet au contraire de la candidature de Youssou Ndour, les manifestations se multiplient.

On a peut-être atteint hier soir un nouveau tournant dans cette affaire, alors que deux jeunes manifestants ont été écrasés (apparemment) par un camion anti émeutes. Il se dit qu’il aurait agi délibéremment, de même qu’il se dit que des tirs de policiers auraient eu lieu à balles réelles. Difficile de démêler le vrai du faux…

Reste que l’ambiance peut être pesante dans certains quartiers, et le pourtour du Palais présidentiel est désormais interdit à la circulation à pied (ça rappelle l’Elysée dans les années 80 !). Pas de menaces en vue pour la communauté expatriée, qui a bien pris soin, à tous les niveaux, de se détacher du choix souverain du peuple sénégalais. De son côté, la presse française multiplie non seulement les articles, mais également les éditos. Le Monde notamment daigne enfin envoyer un correspondant spécial, après avoir longtemps limité sa couverture africaine à un unique représentant “régional” à Johannesbourg. Courrier International a pour sa part fait du Sénégal la Une de son mailing quotidien sur quatre des six derniers jours.

Prochain grand rendez-vous le 26 février, pour le 1er tour ! En attendant, pour échapper aux coups de chaud et froid, la semaine prochaine, on sera en mission là :

Oui, oui, en mission au Cap Vert, pour le boulot et tout et tout… Perspective plutôt sympathique quand on a connu les tours de La Défense !