Hindigo

Ca fait longtemps qu’on ne vous a pas parlé de la maid, et de sa franchise naturelle. Nous avons en quelque sorte passé un nouveau cap dans notre relation en début de semaine : elle me parle désormais en hindi. Je sens que ça va être beaucoup plus facile pour elle, et beaucoup moins pour moi…

NAYA GANJ (Uttar Pradesh) – Radhakant Bajpai vient d’entrer dans le livre Guinness des Records ((Encore plus fort que le Limca !)), et remercie Dieu de l’avoir béni de tels attributs (13,2 cm chacun). Nous laissons le soin à nos lecteurs de deviner le record détenu par Radhakant.

Et voilà, on est le 24 décembre… Pas évident à se dire, mais c’est déjà le 2e Noël en Inde (plus qu’un !), et il est difficile de retrouver l’ambiance : outre l’absence évidente de neige, il fait plus de 30°C (les températures remontent un peu, il faisait même 33°C hier matin…), l’affairement dans les magasins est limité, et les rares bonnets de Père Noël que l’on voit sont ceux vendus par les gamins des rue aux carrefours.

La seule vraiment excitée, c’est Béni, puisque ma maid est catholique. Elle s’est d’ailleurs bien lâchée ce matin, bénissant d’un “Stupid people” retentissant au moins 240 personnes : les gardes qui ne se dépêchaient pas assez de sortir la voiture, les peintres qui appellent pour dire qu’ils passeront dans l’après-midi alors qu’elle a bien l’intention d’être rentrée chez elle pour cuisiner à ce moment, le chauffeur et même votre serviteur, qui a osé ne pas manger l’immonde paté en boîte qu’elle a encore acheté ce week-end (“imported, imported, veeeery nice, and veeeery expensive !”).

Encore un bon dessert indien pour lutter contre le froid de l’automne…

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Hier, alors qu’on s’apprêtait à regarder le journal sur TV5 Monde Asie, l’écran de la télé s’est subitement éteint. En dépit des tentatives de réanimation, celle-ci n’a rien voulu savoir. Quand on a annoncé à la maid ce matin que le télé était HS, et qu’un réparateur allait tenter de la sauver dans la journée, on a senti dans son regard un mélange de grand désarroi, de profonde tristesse et d’envie de meutre. La télé pour Béni, c’est à peu près aussi sacré que le klaxon pour un taxi, voire pour un bus Tata ((Les plus moustachus comprendront))…

Dans le même temps, la tentative d’évasion en Thaïlande fin septembre est remise en question : on a en effet découvert un peu tardivement que les facétieux habitants du Pays des Sourires organisaient leur mousson annuelle non pas en juin-septembre comme tout moustachu qui se respecte, mais en septembre-octobre. Du coup, on hésite entre la perspective de quatre jours sous la pluie et la tentation de s’évader quand même de Bombay…

PS : Oui, Maman, j’ai vu l’accident à Phuket en plus, mais ne t’inquiète pas, je prends Air India, qui est beaucoup moins plus sûr que la compagnie low cost One Two Go…

PPS du 18/09 : la télé est revenue d’elle-même à la vie, et Béni est revenue à la maison…

Samedi matin, dès potron-minet (minet indien, vers 10h quoi…), me rendant dans le bureau, une odeur particulièrement prégante m’agresse la truffe. En cette période de fin de mousson, où la moiteur n’a pas encore dit son dernier mot mais où les températures ont pour leur part repris la direction des 40 degrés, la moindre odeur suspecte nous fait dresser l’oreille, logique.

Béni étant partie, on cherche en vain la source de ce fumet qui tittille non seulement les narines, mais également le fin fond de l’estomac. L’issue de la recherche ne fait guère de doute : je vais trouver un rat crevé, à moitié bouffé par les vers (et par le vert) au fin fond du tiroir où j’ai rangé mes plus belles chaussures.

Un peu démoralisé par cette perspective, on remet la découverte à lundi et à la responsabilité de Béni. Dialogue donc ce matin :

Sir : Oh Béni, by the way, do you know where the strong smell comes from, in the office? Yes, in this room?

Béni : No smell here, Sir, I don’t smell anything…

Sir : Are you sure? I find it really strong, I am afraid there is a dead rat somewhere in a cupboard, or in a pipe in the bathroom. I had to put the fan and the A/C on all week-end, but it doesn’t go. It seems to come from that part of the room [montrant le balcon couvert].

Béni : Oh, I know what it is [rire aux éclats], not dead rat… In fact, my friend from Mangalore, she come on Friday and she give me dry fish. I don’t like dry fish here, I prefer from Mangalore. Si I keep dry fish in the small laundry room [le balcon couvert sert de buanderie] but on Saturday I forget to take them. Why, do you find it smelly?

Sir : …

Nicolas, je comprends mieux ton billet sur le Bombay Duck, maintenant…

En guise de gâteau d’anniversaire de première année passée ici, voici la recette des idli.
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Et voilà, 23 août 2006 – 23 août 2007 : un an que votre serviteur est arrivé à Bombay… Certains jours, cela paraît hier, d’autres jours, plutôt il y a dix ans ! Comme le veut la tradition, petit point d’étape façon “j’aime / j’aime pas”.

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Au retour du gym, ma maid avait sa tête des mauvais jours, quand elle a fait une bêtise. Récit :

Béni : Sorry, Sir, today two glasses broken… Beer glasses!

Sir : What happened? You didn’t hurt yourself?!? ((Oui, parce que je suis très, très gentil avec ma maid))

Béni : No, no… I was cleaning in the living room and I hear parrots in the kitchen. I go to kitchen, and there are two parrots fighting on cupboard, fighting and fighting! I leave the window open so they come because it’s wet outside. So I try to put them out but one falls on the glasses and breaks them.

Sir : But you managed to put them out, finally?

Béni : No, no, they cannot find exit, they are scared and try to go through the window. So I do like Ozzy Osbourne and I rip their heads with my mouth!

Sir : …

Je crois que pour le chat, on va laisser tomber, effectivement…

Ce matin, la première chose dont me parle Béni est la météo… pour changer. Parce qu’il paraît qu’à Bandra, “looooots of rain, up to there” (voir figure 1). Et quand je lui ai dit qu’ici, non, ça allait, sauf évidemment, loi de Sanjay Murphy aidant, au moment où je partais au boulot, j’ai senti un vague regard “Stupid people” qui appelait aussitôt une réponse du genre “si, si, pardon Madame, en fait il a aussi beaucoup plu ici, ouh la la, c’est pas possible, tout pareil bien comme vous avez dit”.

C’était d’autant plus la matinée “Stupid people” (ça fait très émission Endemol, vous ne trouvez pas ?) que ma maid venait de découvrir que les commissariats de police du quartier exigeaient désormais l’enregistrement des employés de maison (avec photo, description, adresse et tout et tout) afin d’éviter les vols et autres filouteries dans les maisons des expats. Il faut croire que le chauffeur, qui a rempli la fiche de Béni, craignait lui aussi son ire, car à la rubrique “Build” de la feuille de Béni, il a marqué “Slim”.

PS du 21/08 : aujourd’hui, un disque jaune dans le ciel, le thermomètre à plus de 30°C… ENFIN !