On privatise aujourd’hui un vieux taxi collectif pour aller visiter deux des trois villes impériales autour de Mandalay (la 3e, Inwa, est moins intéressante, un peu plus difficile d’accès et surtout, oblige à payer à la junte les 10 dollars du Mandalay Archeological Area Pass qu’on a pris soin d’éviter jusque là).

Amarapura est visuellement l’une des villes les plus connues de Birmanie, du fait de son pont en teck, le plus long du monde (qui fait la couverture de la dernière édition française du Lonely apparemment). Dommage que quelques dizaines de piles aient dû être remplacées par du béton. Tout au bout du pont, on trouve un superbe monastère avec moult statues de disciples de Bouddha.

Bien que l’on ne soit pas très chaud, le chauffeur insiste pour nous emmener voir le repas des moines dans un monastère voisin. Comme attendu, ce sont des dizaines de touristes qui mitraillent à 20 cm des petits moines bien rangés sur trois files, qui attendent de pouvoir remplir leur écuelle de riz et de curry, avant de s’asseoir à de grandes tables collectives pour manger en silence. On se demande ce que penseraient ces Italiens et ces Allemands si des Birmans venaient photographier leurs gamins en train de manger à la cantine de leur école…

Après une nouvelle paya, avec une autre forme de curiosité (les plate-formes supérieures de l’édifice sont très explicitement interdites aux femmes), on part vers Sagaing. Cette ville aux 500 temples et 200 monastères a été l’un des moteurs de la révolte des moines de 1997 suite à l’augmentation des prix des carburants. A l’heure actuelle, la ville présente surtout une vue superbe depuis sa colline, avec de multiples temples reliés par des passages couverts et un lapin miracle dans le plus haut d’entre eux (on frotte le membre douloureux ou affecté sur celui du lapin pour lui transmettre son mal…).

Au retour à Mandalay, après une pause pour échapper à la chaleur étouffante du milieu d’après-midi, on part vers le monastère en teck du sud ouest de la ville, au centre du quartier des moines. On y retrouve une architecture proche du Népal, sans les sculptures shivaites.

Sur le chemin du retour, on assiste à ce qui a été l’un des principaux objectifs de ce voyage en Birmanie : une représentation théatrale des Moustache Brothers. Cette troupe de théatre traditionnelle brave la junte depuis des dizaines d’années et est aujourd’hui officiellement interdite. Elle se produit donc chez elle, sans costumes et uniquement en anglais pour des étrangers, sous l’oeil de NayPyi Taw (la nouvelle capitale depuis 2005) qui veille à la porte. Le spectacle mélange blagues sur le régime, critique des généraux, anecdotes acides sur la vie de tous les jours, danses burlesques… Une demi-douzaine d’acteurs, dont seul le frère Lu Maw parle anglais, mais dont le leader Par Par Lay vibre d’autant d’énergie et de courage que son frère.

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